• L'ancien port du Havre

    Dans mon enfance j'habitais au Sémaphore, et je regardais de ma fenêtre passer les bateaux; c'est au nombre de remorqueurs que je voyais sortir du port que je savais si c'était un cargo ou un paquebot: deux remorqueurs, voir trois pour les pétroliers, et entre cinq et six pour le paquebot de France.

    J'attendais la marée basse pour aller sur la plage ramasser des bigorneaux accrochés aux rochers, des chapeaux chinois, et en soulevant des pierres, je ramassais des crabes verts, ou par chance une petite étrille. Plus je m'avancais vers les chantiers Auguste Normand, plus ma pèche était abondante car peu de gens s'avanturaient vers les rampes de lancement des navires.

    Souvent je restais bouche cousu et rêvais devant ses bateaux en construction. J'ai vu dans mon enfance les derniers navires construit dans ses chantiers. Un de mes cousins y travaillait comme ajusteur tourneur. J'ai assisté au lancement des deux derniers bateaux; dans mes souvenirs d'enfant c'était un câblier et un sous-marin. Les jours de lancement, une foule s'amassait sur les quais pour les voir glisser lentement sur rails, graissés par des ouvriers quelques jours auparavant. Cette masse de ferraille décorée d'un grand pavois, accompagné d'une fanfare pour l'occasion et d'une bouteille de champagne à éclater sur la prou du navire avec une marraine ( car, comme le veut la tradition, chaque navires qui prend l'au a une marraine et sa bouteille de champagne). Dès que le bateau prend contact avec l'eau, les remorqueurs l'accompagne et l'emmène à son quai d'armement.

    J'ai vu dans mon enfance la destruction des chantiers livré à des démolisseurs. Cela a duré plus de deux ans. Ensuite, des projets immobiliers grand luxe sont sortis de terre. De nos jours il reste une rue qui porte le nom d' Augustin Normand. Sur le boulevard François Premier il y a petit jardin où il n'y a pas trop de fleurs, mais sous l'oeil de la sculpture en bronze, aux pieds de celle-ci, trône un sous-marin. Il ne reste plus à Augustin Normand qu'à surveiller les cochonnets, les boules de pétanques des joueurs qui viennent pour tuer le temps.

    Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que dans l'ancien temps, le Havre s'appelait "le Havre de Grâce", et il avait pour vocation d'être un port de guerre. Une grande partie du Havre était des marécages et il y avait des lieux dit ( les Neiges, l'Eure, la Vierge Noire: lieux religieux où les gens emmenaient leurs petits enfants pour apprendre à marcher, et le lieu dit de Sanvic). Il y avait un canal pour les bateaux marchands, reliant l'entrée du port à Harfleur; car c'était le port marchand qui recevait les voiliers.


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